Olivier Delavallade

Entretien avec le directeur du Centre Tal Coat

Réalisé en 2008 pour la revue ArtKopel

ArtKopel — On déplore souvent que les artistes ne soient connus qu’après leur mort et Tal Coat c’est un peu l’inverse, il fut reconnu de son vivant et un peu oublié après sa mort...

Olivier Delavallade — En même temps, Tal Coat, tout au long de son parcours, a toujours remis en cause, profondément, radicalement, sa pratique. Ce faisant, il a beaucoup déconcerté, y compris ses plus fervents défenseurs : collectionneurs, critiques, marchands. Cela n’a pas simplifié les choses. Il y avait, en chantier, deux ou trois cents tableaux dans l’atelier, mais lorsqu’un marchand arrivait, Tal Coat pouvait lui dire que rien n’était prêt ! Très souvent, il retravaillait un même tableau plusieurs années après. (…)
Ce qui me marque le plus, c’est cette pensée d’une singularité absolue qui se manifeste dans des notes sur la peinture, dans des entretiens qu’il a pu accorder à des critiques d’art ou à des poètes, sur France Culture ; et dans son abondante correspondance, notamment avec Françoise Simecek, à la fin de sa vie.
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ArtKopel — On pourrait parler d’équilibre entre la sensation du vaste monde et l’émotion du monde intérieur...

Olivier Delavallade — Je crois qu’il y a quelque chose qui est en jeu au sens mécanique du terme. Il y a du jeu parce qu’il y a de l’espace. Cet espace est l’espace de cet en-jeu-là. Il y a une plénitude, mais je sens aussi une réelle gravité dans cette œuvre. Que l’on considère les œuvres de ce tout jeune homme, les dessins de la fin des années 1920, ou bien les derniers tableaux... Sauf peut-être dans les aquarelles... J’ai l’impression que là, il est dans un espace plus « léger » que celui de la peinture.
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ArtKopel — Tal Coat a beaucoup écrit sur son œuvre et sur l’art en général, des poèmes aussi. Que peut-on en dire par rapport à son œuvre picturale ?

Olivier Delavallade — Il a cette phrase que j’aime beaucoup : « Quand je dessine, je ne pense pas, je dessine ». Tal Coat se méfiait de la littérature en peinture. Dans ce sens là, c’était un homme de la modernité avec une pensée moderne, au sens historique du terme. Il se consacre entièrement à son travail, il s’enfonce dans une recherche singulière, non « distraite ». Et s’il écrit, c’est avant tout comme peintre... Ce qui est essentiel, c’est que Tal Coat est un autodidacte, issu d’un milieu modeste, d’une famille de marins-pêcheurs-paysans, il ne faut jamais l’oublier. Comme tous les autodidactes véritables, il est allé chercher ce dont il avait besoin pour avancer : en peinture dans les musées, en littérature, en poésie.
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> L’entretien complet

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